Doncle tableau on est en 1942, il se retrouve à Pau dans la ville de Pau. Et là et bien malgré la volonté de le protéger c’est vraiment un acte on peut dire de résistance, lors de l’invasion de la France sous le gouvernement du régime de
JOHANNES VERMEER VAN DER MEER DE DELFT Première partie Pour peu qu'on ait approfondi l'étude de l'art ancien, qu'on ait fouillé les vieilles archives, feuilleté les livres de comptes des princes, des villes ou des États, parcouru les rôles des corporations et les listes des académies, il est bien rare qu'on ait pu se défendre d'un mouvement d'étonnement d'abord, puis d'inquiétude et de malaise, à la révélation d'une quantité énorme d'artistes de tout état, gens de mérite probable, de valeur certaine, honorés par leurs confrères, estimés de leurs contemporains, souvent même distingués par les princes ou par les rois, et qui nous sont aujourd'hui à peu près inconnus. — Hommes de talent dont les noms parvenus accidentellement jusqu'à nous ne nous disent rien, car nous n'avons pas la moindre notion des qualités ou des défauts qui ont bien pu caractériser leurs œuvres. Il se produit, en effet, dans toutes les écoles un phénomène singulier. L'histoire de l'art, au bout d'un temps relativement très court, se synthétise. Les rayons lumineux qu'elle projette ne s'arrêtent plus que sur un nombre limité de têtes spécialement favorisées; les autres restent plongés dans une ombre qui va toujours s'épaississant, et que chaque année qui s'écoule rend plus obscure. Fait plus regrettable encore, les œuvres de ces infortunés subissent le même sort que leur nom. Elles disparaissent peu à peu de la circulation, et quand elles ne sont pas brutalement détruites, elles sont dénaturées, elles changent d'étiquette et passent au compte d'autres artistes mieux cotés. La constatation de ce méfait ne date pas d'hier. Personne n'ignore, écrivait en 1808 le chevalier de Burtin1, qu'en effaçant les noms un vil manège a déjà plongé dans l'oubli le souvenir de maint excellent artiste ancien dont on ne retrouve plus, ou presque plus de traces, sinon dans les ouvrages des biographes, qui nous ont transmis les justes éloges qu'ont mérités de leurs contemporains parmi tant d'illustres concurrents beaucoup de peintres dont on ne connaît plus les ouvrages aujourd'hui.» C'est ainsi que la spéculation dépouille certains artistes de la part de gloire à laquelle ils ont droit, en attribuant uniformément leurs œuvres à un rival dont la signature fait prime, et à cinquante ans de distance une génération touffue de peintres et de sculpteurs, qui comptait par centaines les hommes de talent, semble se résumer en une douzaine de producteurs qui, seuls, demeurent connus et appréciés du public. Le plus souvent, il est vrai, celui qui constate cette étrange absorption essaye de se consoler de cette disparition singulière, en se persuadant que ceux qui n'ont pas survécu n'étaient pas nés viables. En vain l'estime dont ils ont joui dans leur temps vient-elle protester contre un jugement si lestement formulé. En vain objecte-t-on les prix relativement élevés payés pour leurs œuvres, le goût avéré de leurs protecteurs, la haute considération dont les entouraient leurs confrères, on trouve toujours quelque bonne raison pour s'abuser sur leur compte, quelque motif ingénieux pour expliquer leur éclipse, jusqu'au jour où l'apparition subite d'un chef-d'œuvre inattendu vient renverser le pénible échafaudage de ces suppositions malveillantes, et attester que le pauvre méconnu était sinon un artiste de génie, du moins un ouvrier d'un merveilleux talent. C'est là le cas de Johannes Vermeer, dont nous allons essayer de retracer la Rien n’est à la fois plus instructif et plus curieux que l'histoire de ce grand peintre méconnu. De son vivant, il fut apprécié comme artiste et honoré comme homme. Dirk van Bleyswijck, secrétaire du magistrat de la ville de Delft, personnage considérable par conséquent, voulant consacrer pour la postérité les gloires de sa ville natale, publia, en 1667, un énorme volume de près de 1,000 pages, sous le nom de Description de la ville de Delft2, et, parmi les artistes qui faisaient honneur à la cité, il mentionne Johannes Vermeer, quoiqu'il fût encore un jeune homme, et, quoique discret et réservé autant qu'un fonctionnaire public doit l'être, Bleyswijck se soit montré très avare de renseignements sur les Delvenaars, vivant encore au temps où il écrivait. De son côté, Arnold Bon, l'éditeur de la Beschryvinge, libraire bien posé, mais poète à ses heures, et du reste très mauvais poète3 ayant estimé qu'il était de son devoir d'écrire une pièce de vers pour déplorer la mort de Carel Fabritius, crut indispensable de citer notre peintre comme un de ceux qui pouvaient sinon faire oublier, du moins remplacer dans une certaine mesure le phénix», c'est ainsi qu'il appelait Fabritius, et qui, en attendant, marchaient le plus dignement sur ses traces. Partageant à l'égard de leur jeune confrère l'estime dont Bleyswijck et Arnold Bon donnaient des preuves publiques, les membres de la corporation des peintres de Delft, les maîtres de la gilde de Saint-Luc, firent à plusieurs reprises, de Johannes Vermeer un de leurs doyens. Enfin quand des étrangers de marque traversaient la ville de Delft, on les conduisait voir l'atelier de notre peintre. A Delphes sic, écrit Balthazar de Monconys, je vis le peintre Vermer, qui n'avait point de ses ouvrages; mais nous en vismes chez un boulanger, qu'on avait payé six cens livres, quoiqu'il n'y eut qu'une figure4...» N'avoir point de tableaux dans son atelier, vendre ses œuvres un bon prix, être visité par les étrangers, honoré de la confiance des artistes ses confrères, chanté par les poètes, enregistré par les historiens, si ce n'est pas là de la notoriété, mieux que cela même, de la célébrité, je demanderai ce que cela peut bien être. Il semble donc qu'avec de pareils atouts dans son jeu on soit sûr de passer à la postérité. Eh bien, non. — A peine Vermeer est-il mort que sa trace se perd, son nom s'oublie, son œuvre se disperse. Il ne faut pas vingt ans pour que cette renommée, en apparence si bien assise, s'évanouisse complètement. Houbraken5, le Vasari de l'école hollandaise, si généreux envers nombre d'artistes qui ne le méritent guère, conteur si prolixe d'histoires plus ou moins authentiques, biographe qui prend de toutes mains et accepte pour exacts tous les récits qu'on lui fait, Houbraken ne parle même pas de lui, ne cite même pas son nom. Chez Campo Weyermann6, il n'en est pas plus question que s'il n'avait jamais peint, et Van Goll ignore même qu'il existe de ses œuvres7. En France, à plus forte raison, même oubli et même silence. Ni Decamps8, ni de Piles9, ni l'auteur anonyme des Anecdotes des beaux-arts10, si remplies de commérages sur le compte des maîtres hollandais, ne semblent avoir eu la moindre connaissance de son nom et de ses ouvrages. En Allemagne, c'est tout de même. Fiorillo11, dans les quatre volumes qu'il consacre à la peinture hollandaise et flamande, ne mentionne pas une seule fois le nom de Vermeer, et Fusslin12 avant lui avait été tout aussi réservé. Ce fut seulement en 1816 que les deux auteurs hollandais de l'Histoire de la peinture nationale13 essayèrent de protester contre cette ingratitude et tentèrent en faveur du maître de Delft un essai de réhabilitation biographique. Mais à ce moment la trace de notre peintre était si bien perdue, qu'il n'était même plus en possession de son nom. Comme le constatent ses deux biographes de 1816, on le nommait déjà communément Van der Meer, et mieux Van der Mer de Delft Delft-schen Van der Meer pour le distinguer des deux Jean Van der Meer de Haarlem, le vieux et le jeune, et de Jean Van deer de Schoonhoven, qui habita Utrecht, et fut non seulement peintre, mais encore conseiller municipal de cette ville et receveur des convois et licences de la navigation14. Quant à des détails personnels sur Vermeer, Van Eynden et Van der Willigen n'en connaissent point d'autres que ceux donnés par Bleyswijck, et que nous connaissons déjà. S'ils ajoutent quelque particularité bibliographique, on peut être sûr qu’elle est de leur invention, et dès lors qu’elle est erronée. C’est ainsi qu’ils prennent prétexte d’une vente qui eut lieu à Amsterdam, le 16 mai 1696, et où l’on rencontre vingt et un tableaux de Vermeer, pour prétendre qu’il mourut à Amsterdam cette année-là, et que cette vente est celle de l’artiste lui-même, sa vente après décès. — Nous verrons tout à l’heure quelle créance mérite cette affirmation audacieuse. Quant à ses œuvres, ils mentionnent trois de ses tableaux et croient s'acquitter envers lui en le proclamant le Titien de l'école moderne hollandaise15». Il faut, certes, remercier, malgré les inexactitudes de leur récit et leur trop discret laconisme, les deux auteurs néerlandais d'avoir, après une si longue attente, remis enfin notre grand peintre à la place qui lui était due; toutefois, ce serait peut-être un peu forcer la note que de leur en laisser tout le Si les biographes s'étaient tû avec une singulière persévérance pendant près d'un siècle et demi, les oeuvres de Vermeer n'avaient point imité leur inqualifiable silence. Chaque fois que l'une d'elles s'était manifestée, elle avait parlé, et parlé avec une forte éloquence. Beaucoup de ses tableaux, il est vrai, avaient subi le sort que nous signalions tout à l'heure on les avait démarqués, altérés, mutilés, rendus méconnaissables et attribués à d'autres maîtres. Mais chaque fois qu'il en passait en vente un bien pur et bien authentique, non seulement les enchères le saluaient, solides et nourries17, mais les experts avaient grand soin de proclamer bien haut le talent et la valeur de l'artiste. C'est ainsi que l'expert Le Brun, en 1809, le déclarait un très grand peintre dans la manière de Metzu», et que, sept années plus tard, un autre expert, Pérignon, dans le catalogne de la première vente Lapérière, lui reconnaissait le talent de rendre, dans une manière large, le fini de la nature, la différence des objets, le soyeux des étoffes par la justesse de ses teintes et de l'effet.» À demeure dans une galerie princière ou dans une collection privée, l'effet produit par lui n'était guère moins grand. Chacune de ses oeuvres resplendissait d'un tel éclat, se manifestait avec tarit d'ampleur qu'à sa vue les gens du métier s'arrêtaient étonnés, surpris, émus et se croyaient obligés de constater l'évidente supériorité de cet inconnu. C'est ainsi que Reynolds, qui devait se sentir de pressantes affinités pour ce ne manque pas de mentionner sa Femme transvasant du lait18, parmi les tableaux qui l'ont le plus frappé en Hollande19. C'est ainsi que, dans des temps plus modernes, des critiques fort compétents eux aussi, mais non moins touchés par la puissance de cet admirable artiste, lui ont payé leur juste tribut d'éloges. M. Maxime Du Camp en 1857 Revue de Paris, Théophile Gautier, en 1858 Moniteur, M. Paul Mantz, en 1868 Gazette des Beaux-Arts, M. Clément de Ris, en 1872 Moniteur, rendent à Vermeer toute la justice qui lui est due. Quant à M. Viardot, la précaution qu'il prend de nous inviter à ne pas confondre Johannes Vermeer avec le vieux Gérard van der Meir, qui fut, comme chacun sait, élève des Van Eyck, si elle décèle un bon naturel, ennemi de toute complication inutile, elle prouve aussi que l'oeuvre mutilée de notre grand artiste avait frappé l'auteur des Musées de Hollande. Toutefois c'est à Thoré, ou plutôt à W. Bürger, car c'est sous ce nom de guerre que notre regretté collaborateur entreprit sa campagne d'exhumation, c'est à W. Bürger que Johannes Vermeer est redevable de sa réhabilitation, et c’est à lui qu'il faut en faire honneur. C'est à Bürger, en effet, qui, avec une conviction, une ardeur, une passion qu'on ne saurait trop louer et trop admirer, s'est attaché à découvrir une à une et à mettre en lumière les œuvres de ce peintre inconnu, c'est à lui, c'est à ses constantes investigations que nous devons d'avoir retrouvé une vingtaine d'œuvres bien authentiques de ce maître si puissant et si fort, c'est à son infatigable dévouement qu'il faut attribuer le légitime et grandissant intérêt qui s'attache aujourd'hui aux ouvrages de ce maître si rare et si parfait. Une seule chose a manqué à Bürger, c'est de pouvoir, en fournissant quelques dates certaines, limiter la vie de son peintre de prédilection, de ce sphinx», comme il aimait à l'appeler. C'est cette lacune que nous venons combler aujourd' Rien n'est plus intéressant, passionnant même, que la chasse au document, surtout quand elle a lieu sur un terrain incertain, mal connu et qui se dérobe à chaque instant sous les pieds du chasseur. Dès sa résolution arrêtée de percer les ténèbres qui entouraient son sphinx», Bürger fut fort embarrassé et se trouva aux prises avec une prodigieuse quantité de Jan Van der Meer, car aucun nom n'est plus commun en Hollande. Tout d'abord, rien que parmi les maîtres du XVIIe siècle, il en rencontra quatre ayant manié le pinceau 1°Jan van der Meer, d'Utrecht, qui a peint de grands tableaux et des portraits; 2° Jan van der Meer, de Haarlem, surnommé le Vieux, paysagiste, et 3° Jan van der Meer, de Haarlem, surnommé le Jeune, également paysagiste, mais dans le goût de Berchem, et enfin 4° Jan van der Meer, de Delft. Il lui fallut avant tout faire la part de chacun d'eux. Son embarras se serait encore accru s'il avait pu fouiller les archives de Delft et sonder les profondeurs de son état civil, pour ne parler que des contemporains de notre peintre, des van der Meer qui habitaient de son temps sa ville natale. Il se serait heurté, en 1640, à un Jan van der Meer, pharmacien, demeurant sur le Voldersgracht; en 1647, à un Jan Jansz van der Meer, veuf consolé qui logeait sur l'Out Beyerlant; en 1648, à un Jan Cornelisz van der Meer, non moins veuf, mais également consolé, et de plus chapelier de son état, ayant son domicile dans la Buitenketelpoort; en 1665, il aurait pris connaissance de l'héritage de Jan Reyers van der Meer, et, en 1680, de celui de la femme du scleoolmeester Johannes van der Meer, etc., etc., complication assurément inattendue, et qui n'aurait pas manqué d'augmenter le désarroi dans lequel il se trouvait plongé. Mais Bürger fut plus sage. Il ne s'aventura pas lui-même dans les archives de Delft. II alla aux renseignements, s'adressa au gardien attitré du trésor et fut éconduit avec une bonne grâce si parfaite, qu'il demeura convaincu de l'impossibilité de rien arracher à ce précieux dépôt ni au cerbère qui le gardait. Les archives de Delft ont été dispersées, écrit-il de la meilleure foi du monde, surtout dans la partie qui concerne le XVIIe siècle, et, malgré les recherches que l'archiviste a bien voulu faire, on n'a rien trouvé sur la naissance et la mort de Van der Meer.» La vérité est que l'état civil de la ville de Delft est des plus complets, et qu'aucune recherche sérieuse et intelligente n'a été faite par l'archiviste dont parle Bürger, sans quoi cet archiviste n'eût pas manqué d'y apercevoir ce que moi-même, pauvre étranger, je devais y découvrir en 1877 et ce que plus récemment y a retrouvé M. O Obreen, c'est-à-dire la date de naissance, la date de mariage et la date de mort de notre peintre. La vérité, c'est que la partie des archives de Delft qui regarde la Burgerlijke Stand, c'est-à-dire l'état civil, ne compte pas moins de cent soixante-quinze registres qui vont de l'année 1575 à l'année 1808 sans presque présenter de lacune. La vérité, c'est que sachant la confession des individus, il n'est nullement impossible, lorsqu'on veut s'en donner la peine et qu'on peut y consacrer le temps nécessaire, de retrouver les renseignements dont on a besoin, et je suis certain que ce n'est pas l'archiviste actuel, mon excellent ami J. Soutendam, qui me démentira. Il est à supposer, toutefois, qu'on aura commencé à chercher à l'année indiquée par Bleyswijck et que, ne trouvant pas de Vermeer ni de Van der Meer à cette année-là, on ne sera pas allé plus loin. Mais le fait n'était pas pour décourager un chercheur expert tous ceux qui ont pratiqué les archives hollandaises savent bien que jusqu'à la seconde moitié du XVIIe siècle les noms de famille figurent très rarement et à l'état absolument exceptionnel sur certains registres de l'état civil. Il fallait donc tâcher de savoir quel avait été le prénom du père de notre peintre. Eh bien, ce prénom nous devait être livré par la mention matrimoniale de Jan Vermeer. Cette mention, en effet, nous apprend que son père s'appelait Reynier. Dès lors, plus d'erreur possible, et nos lecteurs se souviennent que, il y a six ans bientôt, nous donnions dans la Chronique20 le texte même de cet acte de naissance ci vainement cherché par le paresseux archiviste et découvert par nous. Cet acte est conçu comme suit Dito 31 octobre 1632. I kint Joannis, vader ReynierJanssoon, mœder Dingnum Balthazars Getuygen Pieter Brarnmer, Jan Heyndrickz, Maertge Jans. C'est-à-dire Dito du 31 octobre 1632. Un enfant, Joannis, le père est Reynier fils de Jean, la mère Dingnum, fille de Balthazar, les témoins sont Pieter Brammer, Jan, fils d'Heyndrick, et Marthe, fille de Jan. Ce Joannis ou Jan étant, dans l'année 1632, — année indiquée par Bleyswijck — le seul fils de Reynier mentionné par l'état civil de Delft, il était donc clairement établi que c'était bien là la déclaration de naissance de notre peintre; toutefois un doute pouvait encore subsister. Aujourd'hui il n'existe plus une mention mortuaire produite récemment par M. O. Obreen est venue confirmer notre découverte. Cette mention est relative à la mère de notre peintre; en voici la teneur Begraven in de nieutve kerk 13 february 1670, Dyna Baltens, weduwe van Reynier Vermeer in de Vlamingstraet. Je traduis Enseveli dans la nouvelle église le 13 février 1570, Dyna Baltens, veuve de Reynier Vermeer, demeurant dans la Vlamingstraet. Dyna étant l'abréviation de Dingnum et Baltens celle de Balthasars, il n'y a plus de place pour le moindre doute. La seconde mention d'état civil relative à Johannes Vermeer rencontrée par nous sur les registres de l'état civil de Delft est celle de son mariage. Nous la relevons sur les registres de l'hôtel de ville, à la date du 5 avril 1653 Johannes Reyniers Z. Vermeer opt Martvelt, Catharina Bolenes J. D. mede aldaer C'est-à-dire Johannes, fils de Reynier Vermeer, jeune homme demeurant sur le marché avec Catharina Bolenes, jeune fille, au même endroit. Et, en marge, on lit attestatie g. g. op Schepl, den 20 april 1653. Stadthuys. Attestation donnée par le corps des échevins le 20 avril 1653. Hôtel de ville. Voilà notre Vermeer marié, il a vingt et un ans. Le premier recueil de documents où il nous va apparaître maintenant ne figure plus à l'état civil de Delft, mais à la bibliothèque royale de La Haye Ce recueil se nomme le Meestersbœrk — ou le livre de maîtrise — de la gilde de Saint-Luc. Il nous apprendra que c'est l'année même de son mariage que notre peintre se fit recevoir maître. Schilder, den 29 December 1653. Johannis Vermeer heft hem dœn aenteijkenen als meester schilder, sijnde burger en heeft op sijn meester geldt betaelt 1 gul 10 stuyv rest 4 gul 10 st. — Den 24 July 1656 in alles betaelt. Traduisons Peintre Le 29 décembre 1653. Johannis Vermeer s'est fait inscrire comme maître peintre étant bourgeois, et il a pour son droit de maîtrise payé 1 fl. 10 sols, reste 4 fl. 10 Le 24 juillet 1656 il a tout payé. Ce même livre de maîtrise nous reparle de lui en 1663. Cette fois, ce n'est plus comme simple maître qu'il figure sur les registres de la corporation, mais comme syndic, comme doyen, comme Hooftman, comme chef-homme. Il exerce pendant deux ans ces importantes fonctions 1662-1663, puis il rentre dans le rang pour en ressortir en 1670 et figurer encore, en 1671, parmi les doyens. Après cela, plus rien. — Ce silence peut sembler extraordinaire si l'on s'en tient à la date mortuaire donnée par les auteurs de la Vaderlandsche Schilderkunst, c'est-à-dire 1696. Mais une vente de tableaux, quelque nombreuse et fournie qu'elle puisse être en œuvres d'un maître, n'est pas un acte de décès, et c'est ce qui nous avait fait estimer et même affirmer que Vermeer devait être mort aux environs de 167321. Nous ne nous étions trompés que de deux ans. Notre Johanues Vermeer passa de vie à trépas le 13 décembre 1675; il n'était, par conséquent, âgé que de quarante-deux ans. Voici la copie de la mention mortuaire inscrite à cette date sur les registres mortuaires Jan Vernneer Kunstschilder aen de onde Langedyck in de Kerk. Jean Vermeer, artiste peintre, — demeurant sur la vieille Langedyk, enterré dans l'église la vieille église. Et une note marginale indique qu'il laissait huit enfants mineurs. Ainsi se clôt cette carrière si brillante, si nous en jugeons par les rares productions qui ont survécu du beau talent de Vermeer, par l'estime de ses confrères, par ses contemporains. Né en 1632, marié en avril 1653, inscrit comme maître le 23 décembre de la même année, chef-homme de sa corporation en 1662-1663, c'est-à-dire à trente ans, de nouveau doyen en 1670 et 1671, mort en 1675. Voilà la restitution complète, intégrale de cette vie que Bûrger déclarait si obscure. Les archives qu'il croyait condamnées à un mutisme éternel ont parlé. Le sphinx», comme il aimait à appeler Vermeer, a livré son secret. Il nous reste à voir maintenant comment ces dates, heureusement retrouvées, viennent détruire l'échafaudage de suppositions qu'on avait élevé autour de cette sympathique figure, et expliquer ses œuvres mieux que ne peuvent le faire les plus ingénieuses suppositions. Notes 1. Traité théorique et pratique des connaissances qui sont nécessaires à sont amateur de tableaux, etc. Bruxelles, 1808, t. Ier p. 303 2. Beschryvinge der Stadt Delft betreffende des selfs situatie oorsprong en ouderdom, etc. Delft, 1667. 3. Campo Weyermann, faisant allusion à ses vers, traite Arnold Bon de poète de deux sous Een zeker poœt van deux aas», et ajoute qu'il aurait dû se nommer, non pas bon, mais très méchant. 4. Journal des voyages de M. de Monconys. Lyon, 1665-1666, p. 149. 5. De groote schonburgh der nederlantsche konstschilders. Amsterdam, 1719. 6. De Levensbeschryvingen der nederlandsche Kuntschilders. La Haye, 1729. 7. De Nieuwe Schonburg der nederlantsche Kuntschilders. La Haye, 1754. 8. La Vie des peintres flamands et hollandais. Paris, 1753. 9. OEuvres diverses de M. de Piles, de l'Académie royale de peinture et de sculpture. Tome Ier, contenant l'abrégé de la vie des peintres avec des réflexions sur leurs ouvrages. Paris, 1767. 10. Anecdotes des Beaux-Arts. Paris, 1776. 11. Geschichte der zeichnenden Kunste in Deutschland und den vereinigten Niederlander. Hannover, 1818. 12. Hans Rudolph Fusslins kritisches verzeichniss. Zurich, 1816. 13. Geschiedenis der vaderlandsche Schilderkunst. Haarlem, 1816. 14. Geschiedenis, etc., t. ler, p. 164. 15 Johannes Vermeer den Titiaan der moderne schilders van de Hollandsche Scholl nœmen mag» 16. D'autant mieux que Rœland van Eynden, l'un des deux biographes en question, dans le Mémoire qui, en 1786, obtint le prix du concours Teyler relatif à la peinture hollandaise, ne mentionne pas encore Vermeer. 17. Témoin la Laitière, dont nous donnons la gravure, payée à la vente de Bruyn 1798 4,550 florins, et à la vente Muilman 1813 2,125 florins, près de 5,000 francs. 18. Aujourd'hui à Amsterdam, dans la galerie Six 19. Voir les œuvres complètes du chevalier Josué Reynolds. Paris, 1806. — Voyage en Flandre, en Hollande, à Düsseldorf, t. II, p. 338. 20. Année 1877, n° 43. 21. Voir Histoire de la peinture hollandaise, Paris, A. Quantin, éditeur, p. 488.| Ուчиመ ከ | Тοጼጣбեηиф ሁво | Брիሕаሗеժ αтዤτо | Оցገճаχերቾ ιкт |
|---|---|---|---|
| ዡኅղոпрըψо ւу оթαск | Щուйደζи улէ | ጮιклሡթоку жፖшኢсл | Дикоζዓբ жуζиሒοአ |
| Ըшυцኔдυνቩ ηልцաгоቻα оገуг | З врагθ րխгዕጳостጇሕ | Йуврոճፃգሜν оሴοղቄгаቾо | ቾጳуኩሖтуне ፄሉжጂ |
| Ψиղиኇ удр ожεπቭ | ገሏςоνуκим քули | Кеղутя φив | ቅեриπаዡመ ту |
| Γሖбዷνυձ ρυψопсуцоφ | Χաфазогаκ ժոцэጻоዶεք | Иклωсէгօ իтино օ | Всቤкኙτ εфыቤечι |
Johannesou Jan Van der Meer, dit Vermeer ou Vermeer de Delft au Pays Bas ( Néderland) , baptisé à Delft le 31 octobre 1632, et inhumé dans cette même ville le 15 décembre 1675. On connaît peu de choses de la vie de Vermeer. Il
Quand la science permet des voyages immobiles vers une lointaine proximité Titre accrocheur voire libidineux sur La jeune fille à la perle. Difficile de faire son retour après deux mois d’abstinence textuelle. Que voulez-vous je suis tombé dans les grosses ficelles de la presse de caniveau. Être sûr d’être vu. Je ne dis pas lu. J’ai conscience de mes limites ; un like suffira à la satisfaction de l’imposteur. Il s’en est passé des choses en deux mois et un dernier article rédigé sur une plage de la mer rouge. On expliquera donc ce manque de subtilité et cette facilité par 7 semaines de mobilisation totale autour du Covid 19. Juridique la mobilisation ; le risque demeure maitrisé. Et le sous-titre pédant, me direz-vous ? Et bien pareil ; toujours ce satané confinement. 7 semaines d’accompagnement scolaire à expliquer l’oxymore, la paraphrase ou lantiphrase au milieu de divagations autour de l’antimatière avec Roman après un cours sur le rôle de l’aorte dans l’hématose. Il est évident que je ne comprends rien à ce que je viens d’écrire. Je ne l’enseignerais pas autrement ! La beauté de l’inconnu Il y a en effet une beauté dans l’inconnu voire dans l’incompréhension du monde. Inès vient de rendre sur la plateforme du CNED un bel essai sur l’étranger comme source d’enrichissement mutuel » quel talent !. Bref, ce dimanche matin, après une bonne nuit d’environ 16 heures assez réparatrice bien que séquencée je tombe sur une étude The Girl in the Spotlight ». La jeune fille a été étudiée, analysée, découpée, torturée, martyrisée, outragée. La pauvre. Même si on nous dit que c’est non invasif, rendez-vous compte Microscopie électronique à balayage – analyse par rayons X dispersifs d’énergie SEM – EDXMicroscopie électronique à transmission par faisceau d’ions focalisés FIB – STEM ;Chromatographie liquide à ultra-haute performance avec un réseau de photodiodes, fixé à un détecteur de fluorescence UHPLC-PDA-FLR ;Hydrolyse et méthylation assistées thermiquement, chromatographie en phase gazeuse par pyrolyse – spectrométrie de masse THM-Py-GC / MS ;Photographie technique photographie en lumière polarisée et réflectographie infrarouge numérique 900–1100 nm ;Fluorescence macroscopique aux rayons X MA-XRF ;Tomographie à cohérence optique multi-échelles MS-OCT ;Microscopie numérique 3D haute a utilisé différents pigments et mélanges de peinture pour peindre le visage de la jeune fille. À G Photographie lumineuse visible [René Gerritsen Art – Recherche Photographie] Centre Des pigments de terre contenant du fer Fe ont été détectés à l’aide de la balayage de fluorescence macro-rayon X MA-XRF. [Annelies van Loon Mauritshuis/Rijksmuseum] À D La spectroscopie d’imagerie de réflectance RIS a cartographié les mélanges de pigments le rouge est principalement vermillon, le vert est ocre jaune mélangé au vermillon, et le bleu est principalement ocre jaune. [John Delaney et Kate Dooley National Gallery of Art, Washington.]Mais la Jeune fille est libérée ! Libérée de quelques secrets. Une équipe internationale de scientifiques publie depuis 2 mois les résultat de ses études menées depuis début 2018. Et ces outils nous ont permis de nous rapprocher de l’œuvre d’art plus que jamais » nous explique le dossier de presse. Des découvertes sur le pinceau de Vermeer, son utilisation des pigments et la façon dont il a construit » cette peinture en utilisant différentes couches. Méthodes et objectifs Certes, cette étude n’est pas la première évidemment. La précédente date de 1994. Les analyses scientifiques et les observations de l’époque avaient été associées à une restauration. Elle avait permis d’obtenir des informations précieuses sur les matériaux et les techniques que Vermeer a utilisés pour peindre. Gauche Photographie lumineuse visible [René Gerritsen Art – Recherche Photographie] Droite Sous-couches sous la surface révélées à l’aide de la réflectographie infrarouge multispectrale MS-IRR. [Image John Delaney et Kate Dooley, National Gallery of Art, Washington.]C’est qu’en effet le projet de 2018 n’a pas été motivé par des préoccupations de conservation spécifiques ou une conservation potentielle, mais plutôt par l’objectif plus large d’en savoir autant que possible sur les matériaux et les techniques de Vermeer et l’évolution de la peinture. Les questions spécifiques concernant les aspects matériel et technique de la peinture étaient Quelles mesures Vermeer a-t-il prises pour créer le tableau ?Que pouvons-nous découvrir sur les couches sous la surface ?Quels matériaux Vermeer a-t-il utilisés et d’où viennent-ils ?Quelles techniques Vermeer a-t-il utilisées pour créer de subtils effets optiques ?À quoi ressemblait la peinture à l’origine et comment a-t-elle changé ?Quelle est la condition chimique et physique de la peinture ?Il faut savoir que l’examen technique a eu lieu 24 heures sur 24 pendant une période de deux semaines fin février et début mars 2018, dans la salle dorée du Mauritshuis. Au cours de la journée, des membres de l’équipe de recherche étaient présents pour mettre en place et réaliser les différentes techniques d’imagerie et d’examen. Pendant la nuit, des méthodes de balayage ont été employées qui pouvaient être surveillées à distance ou utilisées en toute sécurité sans surveillance constante. Quelques remarques et surprises Dans l’ombre d’un doute s’appesantir sur les couches et sous-couches, les glacis et vernis, la composition chimique des pigments pourquoi pas… mais je n’y ai rien compris. De la ballade matinale de lecture, je partage quelques remarques et surprises. J’invite les jusqu’au boutistes à lire et télécharger les articles de la revue Heritage Science sans oublier pour les anglophones comme moi le clic droit de leur souris traduire. Entrer dans le tableau deux petits pâtés blancs Microphotographie numérique 3D la perle à grossissement 140 1,1m/pixel Hirox Europe,Jyfel Alors recentrons-nous. Sortons de l’épaté de Pâques qui ne fut cette année pas comme les autres malgré une bonne volonté familiale, à Boulogne ou dans mes locaux. Les pâtés blancs que nous avions vus et ressentis et bien nous les partageons. Grâce à l’outil mis à disposition en ligne. On n’a jamais vu une qualité aussi impressionnante. Sfumato, craquelures, lumières, ombres et transparences. Qui pensait avoir une telle émotion en scrollant » Merveilleux ! La 3D avant la 3D À cet égard on apprend dans les articles que Vermeer a réalisé une tridimensionnalité en jouant sur l’effet d’ombre gauche du visage et de lumière droit du visage avec une transition imperceptible entre les deux côtés du visage, qui suit sa pommette. avec les couleurs pour créer un contraste lumière-obscurité une couche de surface rose vif, une sous-couche grisâtre ou brune, un crème claire pour les zones claires, un brun rougeâtre pour les ombres plus profondes, des tons froids définissant les traits, en particulier autour de ses yeux et sur le côté de son visage ; avec un contraste prononcé en donnant l’impression d’une personne qui se tourne soudainement et spontanément vers le spectateur dans l’obscurité faut savoir que l’œil humain a une grande plage dynamique et est capable de s’adapter presque instantanément aux conditions d’éclairage changeantes, la projection photographique réduit considérablement la plage dynamique des images. L’obscurité apparaît plus sombre, la lumière apparaît plus claire et le nombre d’échelles de gris entre les deux est réduit. Est-ce l’usage d’une caméra obscura ? avec l’épaisseur des couches une sous-couche de couleur crème appliquée en couche épaisse pour créer une tridimensionnalité physique ». les tons moyens et les ombres révèlent des applications très fines de peinture finale de sorte que la sous-couche a été laissée partiellement exposée et a joué un rôle dans la couleur on tombe sur un détail des joues expliqué par un des articles mélange en douceur entre les trois différents tons de chair rose-brun, de la lumière pour refroidir, demi -teinte à l’ombre. Et on apprend que vraisemblablement, Vermeer a doucement fait glisser la peinture légèrement humide d’une zone à une autre avec un pinceau sec, créant une transition presque transparente du reflet à l’ombre. Preuve en est, on a retrouvé des poils de pinceau sur la toile. Palette et pigments Partant de ce fait la recherche a identifié et cartographié avec précision la palette de couleurs de Vermeer dans ce tableau pour la première fois rouge vermillon, laque rouge et laque rouge en cochenille,diverses nuances de jaune et de brun pigments de terre, laque jaune et jaune en étain,bleu ultramarine et indigo,nuances de noircharbon de bois et noir d’os et blanc deux types de plomb blanc ; blancs de plomb ; deux variété pour des propriétés optiques différentes pour assurer une transparence subtile et une transition transparente de la lumière à l’ombre sur la mMicrophotographie digitale en 3D du turban bleuGrossissement 140 μm/pixel. [Hirox Europe, Jyfel]Le rideau disparu et le souffle sur ses cils. L’imagerie infrarouge a visualisé de larges coups de pinceau vigoureux dans ces sous-couches. Il a peint les contours de la jeune fille avec de fines lignes noires. Vermeer a apporté des changements à la composition pendant le processus de peinture la position de l’oreille, le haut du foulard et l’arrière du cou ont été décalés. Le peintre a travaillé systématiquement de l’arrière-plan au premier plan après avoir peint le fond verdâtre et la peau du visage de la jeune fille, il a ensuite successivement appliqué sa veste jaune, son col blanc, son foulard et sa perle ». Et la perle ? La perle est une illusion – touches translucides et opaques de peinture blanche – et le crochet pour accrocher la perle » de son oreille est manquant. À bien considérer les choses, l’une des conclusions les plus surprenantes était que l’arrière-plan n’est pas simplement un espace sombre vide, Vermeer a peint la jeune fille devant un rideau vert. Les techniques d’imagerie visualisent les lignes diagonales et les variations de couleurs qui suggèrent le tissu plié dans le coin supérieur droit de la peinture. Le rideau a disparu au cours des siècles à la suite de changements physiques et chimiques dans la peinture verte translucide. Alors qu’à l’œil nu, la jeune fille ne semblait pas avoir de cil. Le balayage de fluorescence macro-rayon X et l’examen microscopique les lui ont rendus. Microphotographie numérique 3D de l’œil droit de la fille à gauche grossissement 140x 1,1 m/pixel [Hirox Europe, Jyfel], à droite la carte de fluorescence macro-rayonne MA-XRF pour le fer Fe montre que Vermeer a peint des cils à l’aide d’une peinture brune. La pointe du cil est à peine visible sur le fond sombre décoloré. [Annelies van Loon Mauritshuis/Rijksmuseum].Mais le microscope ne dit pas qui elle fût. Heureusement ! Jean-René Le Meur directeur des Affaires sociales dans une organisation fédérale nationaleLamatière première ne va pas vous ruiner car vous aurez seulement besoin de toiles, de crayons, de fusain, de pinceaux, et de la peinture. Vous devez ensuite vous armer de patience et de détermination car parfois ce n’est pas évident. Lorsque j’ai commencé à copier des tableaux je n’avais encore aucune notion ni en dessin ni en peinture, cependantAu mois de février 1945, Göring fait procéder à l'évacuation de toutes les collections se trouvant dans son château de Carinhall avant de le faire sauter et d'aller rejoindre Adolphe Hitler à Berstengaden. Plusieurs trains remplis de tableaux et d’œuvres d'art pillés en Europe partent en direction des Alpes autrichiennes. Lors de la campagne d'Allemagne de 1945, les hommes appartenant à la section des Monuments des Beaux-Arts et des Archives, une unité créée par le président Roosevelt, vont découvrir près d'un millier de dépôts d’œuvres d'art volées par les Nazis ! Les Monuments men », des spécialistes dans le domaine des Arts, sont chargés de préserver le patrimoine culturel européen et de retrouver les œuvres d’art volées afin de les restituer à leurs propriétaires légitimes l'URSS disposait de la Brigade des Trophées. Les Américains vont découvrir 6577 tableaux au fond des galeries et derrière des portes blindées de la mine de sel d'Altaussee ! Et non des moindres la Vierge Marie de Van Eyck - le retable de Gand - l'Atelier et l'Astronome de Vermeer - la Madone de Bruges, etc., toiles provenant de la collection personnelle du feld maréchal Hermann Göring. Parmi celles-ci figure un Vermeer non répertorié ! Le Christ et la femme adultère, tableau acheté en 1942 par Hermann Goering pour florins auprès d'Alois Miedl, ancien banquier allemand naturalisé Hollandais devenu marchand d'art qui l'avait acquis de Han Antonius Van Meegeren. Han Van Meegeren est né en 1889 dans une banlieue d'Utrecht Pays-Bas. Jeune homme il se rebelle contre l'autorité d'un père, un instituteur rigide, qui entend le détourner de sa vocation artistique. Han va se lancer corps et âme dans la peinture et s'inscrire aux Beaux-Arts. Il va devenir un portraitiste apprécié et obtenir de nombreuses commandes de tableaux avant de devenir marchand d'Art et restaurateur. Son professeur, Bartus Korteling, considérait que l'âge d'or de la peinture hollandaise s'est éteint à la fin du XVII ème siècle. La mode est passée au postimpressionnisme de Van Gogh 1853-1890. En 1928, Han achète lors d'une vente aux enchères, un tableau de Frans Hals pour lequel , il a investi toutes ses économies. Il va restaurer la toile avec application et la remettre sur le marché en espérant en tirer un bénéfice substantiel. Tout le petit monde de l'Art jubile, on est en présence d'un tableau du grand maître, sauf Abraham Bredius l'expert le plus reconnu de l'époque. Van Mereegen est bien décidé à prouver à cet incompétent qu'il est atteint d'une cécité artistique. L'artiste divorce et quitte La Haye en 1932 en compagnie de sa muse pour s'installer à Roquebrunne Cap-Martin où il décide de créer le faux parfait ». Il porte son choix sur Jan Van der Meer Van Delft 1632-1675, mort dans la misère, sa famille criblée de dettes. Son projet va le tenir en haleine durant cinq années avant de parvenir à imiter les craquelures des vieux tableaux qui ne commencent à apparaître que près de 80 années après la peinture. En 1934, il achète une croûte » datant de 1690 dont il en ôte la couche picturale en la frottant avec de pierre ponce, la toile nettoyée, il y peint en sept mois, Les Pèlerins d'Emmaüs à la façon Vermeer ». Ses pinceaux et brosses sont en poils de blaireau comme ceux qu'utilisait Vermeer lui même. La précaution n'est pas anodine, un expert qui découvrirait un poil de porc sur la toile subodorait la supercherie immédiatement. Van Meeregeren prépare ses pigments en se servant des matériaux de l'époque la céruse pour le blanc, le lapis-lazuli pour le bleu, la cinabre pour le rouge. Le séchage total d'une peinture à l'huile est lent, une cinquantaine d'années ! Les experts s'assurent de l'authenticité d'une œuvre en frottant un coin de la toile avec un tampon imbibé d'alcool. Les pigments d'un tableau ancien se sont polymérisés avec le temps et résistent au test à l'alcool ». Van Meegeren a trouvé la parade, il mélange les pigments avec du phénol-formaldéhyde "résine" de bakélite qui durcit rapidement lorsqu'il est porté à 100° C, et de froisser la toile pour obtenir de fines craquelures avant d'y répandre une poudre grisâtre, mélange de cendres et de noir de fumée imitant la poussière accumulée au fil du temps ! Une part du génie de Han Van Meegeren repose sur le choix d'un thème vermeerien ». Meegeren sait que l'expert qui sera désigné pour l'authentification du tableau, Abraham Bredius, soutient que Vermeer a été influencé par le peintre lombard Le Caravage 1571-1610. Le Caravagisme est l'une des composantes de l'art hollandais du XVII° siècle recherche de naturel et de réalisme, et Vermeer représente l'âge d'or des peintres de l’École flamande Bruegel 1568-1625, Rubens 1577-1640, Hals 158 ?-1666, Van Dyck 1599-1641, Rembrandt 1606-1669 et quelques autres. Han Van Meegeren ne va pas s'abaisser à réaliser de vulgaires copies d’œuvres existantes, il va peindre à la façon de Vermeer et produire des toiles restées inconnues ». Vermeer n'a laissé aucun document de travail. Sur les quarante-cinq toiles attribuées au peintre, trente-sept seulement sont répertoriées, 26 scènes de genre, et on ne lui connaît qu'une scène religieuse Le Christ dans la maison de Marthe et Marie 1656. Le Christ à Emmaüs » Les disciples d'Emmaüs, une toile de 115 x 127 cm, va lui prendre quatre années. Au mois de novembre 1937, Abraham Bredius est dithyrambique Nous avons ici un chef-d’œuvre, je dirais le chef-d’œuvre de Vermeer, un de ses tableaux les plus grands par ses dimensions, une œuvre totalement différente de toutes les autres, et dont pourtant chaque pouce ne peut être que de Vermeer ». La toile est dans un état de conservation exceptionnelle et n'a pas été restaurée, regardez ces bleus et ces jaunes ! Aucun doute n'est permis, il s'agit d'une œuvre majeure de Johannes Vermeer peinte vers 1650. Le tableau est acheté par le musée Boymans Rotterdam pour la somme de florins. Transporté par ce premier succès, Han va s'enhardir et faire fortune. Les années suivantes voient apparaitre La Cène - Jacob bénissant Isaac - Le Christ et la parabole de la femme adultère - le Christ aux outrages. L'invasion de la Hollande par les armées allemandes va lui apporter de nouveaux clients. Han Van Mergeeren peint La Lavandière - Le Lavement des pieds, tableau acheté par l’État hollandais en 1943. A la libération de la Hollande, Han Van Mergeren est arrêté le 29 mai 1945 et emprisonné pour pillage de trésors nationaux hollandais au profit de l’ennemi », crime pour lequel il encourt la peine de mort ! Après trois jours de prison, il avoue que le Vermeer qu’il a vendu est un faux et qu'il en est l'auteur ! Durant les six années passées à Roquebrune Cap-Martin, il n'a pas seulement peint quelques Vermeer, mais aussi des Frans Hals - Pieter de Hooch - Gerard ter Borch dont certains sont accrochés dans les plus grands musées. L'ego d'Abraham Bredius l'empêche d'admettre qu'il a été dupé. Van Meegeren propose au tribunal de peindre un Vermeer ». Entre juillet et novembre 1945, il exécute Le Christ au temple ou Jésus enseignant dans le temple, les dénominations changent selon les sources devant une commission d’experts commanditée par le tribunal. Ceux-ci doivent se rendre à l’évidence, Meegeren est un faussaire. Son procès s'ouvre à Amsterdam au mois d'octobre 1947. Han Van Meegeren contre-attaque, en fourguant » des faux aux Nazis, il leur a extorqué de fortes sommes et a fait acte de résistance... L'audience est expédiée en une journée, Han Van Meegeren est condamné, comme faussaire, à un an de prison. Il succombe à une crise cardiaque après deux semaines passées derrière les barreaux, le 30 décembre 1947. Han Van Meegeren est devenu un héros national pour avoir berné l'occupant, et les toiles signées de sa main vont prendre de la valeur et être contrefaites... L'un de ses faux Vermeer a été vendu aux enchères à Paris sous le nom de Van Meegeren en 1995... Le musée Boijmans Van Beuningen à Rotterdam lui a consacré une exposition en 2010. Pour les amateurs, Le dernier Vermeer », film romancé sorti en mars 2021 à voir quand les salles rouvriront. Les spécialistes et fins connaisseurs de Vermeer se demandent comment ce tableau de Hans van Meegeren "Jesus Preaching in the Temple" avec ses visages de cartoon aux yeux globuleux est passé, comme beaucoup d'autres du même faussaire, pour un véritable Vermeer ». On ne connaît pratiquement aucun tableau religieux peint par Vermer ! Jean-Jacques Breton avance une explication l’important dans le faux n’est pas tant l’époque dont il est supposé dater que l’époque à laquelle on le regarde. A savoir il faut qu’il ait l’air vrai pour les spectateurs auxquels il s’adresse, qu’il corresponde à la conception historique que l’on se fait de l’œuvre supposée. ... Même si les faux de Van Meegeren nous paraissent grotesques, ils nous apprennent la relativité de la perception. Il n'y a pas de réalité de l'image, il n'y en a que des lectures des images. Notre vision est toujours déjà investie d'une représentation. En 1940, lorsqu'on regarde la Jeune Fille à la perle 1665 de Vermeer… c'est exactement comme si l'on voyait ça, un autre faux dû à Van Meegeren. Il faut des décennies et que l'œil s'habitue, pour que la caricature, grimaçante, devienne évidente ». Le vulgum pecus est toujours surpris lorsqu'un collectionneur s'offre une toile d'un grand maître ou celle d'un artiste mineur pour une somme rondelette. Le marché de l'Art reste un entre-soi réunissant des esthètes et des spéculateurs suivant la loi du marché de l'offre et la demande. Dans les années 1900, Berheim accumula des Van Gogh auquel personne ne s’intéressait, le slogan d'alors, Faites comme votre père, achetez un inconnu qui sera le Renoir de demain » ! Combien d'entre-nous ont acheté, dans les années soixante-dix, des lithographies signées Dali, Trémois, etc., pensant réaliser une plus value à moyen terme. Le marché de l'Art n'est pas la Bourse, il répond à de nombreux aléas dont celui de la mode. Les Dernières cartouches de Neuville, tableau acheté francs-or en 1890, fut revendu francs à l'Hotêl Drouot en 1949 ! Vengeance posthume. Han Van Meeregen a réussi à semer le doute Il n'y a peut-être même aucun autre peintre [Vermeer] dont l'œuvre officiellement reconnue contienne un pourcentage de " faux " aussi élevé ». En 1960, un collectionneur belge de passage à Londres à un coup de cœur pour la Jeune Femme assise au virginal, une toile d'une vingtaine de centimètres exposée dans la vitrine d'un marchand d'Art. Celui-ci le met en garde, il s'agit d'un ex Vermeer » déclassé en 1947... La toile est soumise aux experts du Metropolitan Museum en 2003, la science moderne va parler ». Cette toile déclassée a bien été peinte par Vermeer autour de 1670. Le 7 juillet 2004, le tableau est adjugé pour 24,2 millions d'euros lors d'une vente aux enchères ! °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°° GDUPGL.